Abstract
Le temps passe, les objets du monde évoluent. Comment en tenir compte dans les
graphes de connaissance ?
La description d’un domaine nécessite souvent de tenir compte du temps qui passe
et de l’évolution des objets décrits : un concert est présenté dans un programme
avant d’être joué [1], un projet législatif évolue au gré des amendements au
parlement européen [2], les programmes éducatifs changent d’une année sur
l’autre [3], la liste des pays change au fil des événements politiques, un
pokémon subit des évolutions [4], une mission est planifiée, confiée et réalisée
par une organisation, les paramètres médicaux d’un patient varient, la cellule
se transforme et se divise, le goût du vin évolue avec le temps, l'organigramme
de l’entreprise change....
Les ontologies, qu'elles soient philosophiques ou informatiques, se sont
souciées de décrire un monde figé où les objets du monde, leur classification,
la valeur de leurs propriétés sont immuables. Pourtant nous avons besoin chaque
jour de décrire des ressources dans leur dynamique, dans leurs changements
continuels. Certains philosophes ont réfléchi à cette problématique [5],
certaines ontologies ont pris en compte ce besoin, mais en général de manière
partielle.
Dans un premier temps nous discuterons des différents besoins liés à l’évolution de la
descriptions des ressources dans un graphe de connaissance :
- Souhaitons- nous conserver la trace des évolutions d’une ressource mais
n’utiliser qu’une représentation du domaine à un instant t ?
- Voulons-nous interroger l’état du domaine à différents points temporels ?
- Avons-nous besoin d’une représentation continue de l’évolution de la description
des ressources ?
Pour chaque besoin nous présenterons les différentes manières qui ont été
proposées ou sont envisageables pour modéliser l’évolution des ressources dans
un graphe de connaissance.
Dans un second temps nous examinerons comment les ontologies de base; dublin
core, skos, org, event, frbr, foaf, répondent, ou ne répondent pas à ces
différents besoins de descriptions évolutives. Nous examinerons brièvement les
limites que chacune présente et proposerons des pistes d’évolutions pour
qu’elles deviennent des “ontologies du devenir”.
[1] voir l’ontologie DOREMUS pour la description des œuvres et représentations
musicales avec la capacité de écrire sur la base de CIDOC-CRM les événements
futurs: https://www.doremus.org/?page_id=36
[2] voir l’ontologie ELI-DL pour la description des activités législatives
https://tinyurl.com/ty6xhe7w
[3] voir la gestion des versions de ScoLOMFR https://tinyurl.com/5mz4fz6c
[4] Pokemon Ontology (or GOntology!) modeling with OWL!
https://tinyurl.com/xhcebekk
[5] voir la réflexion d’Anne Fagot-Largeault sur la nécessité de penser les
ontologies dans la continuité du temps : Ontologie du devenir. L’évolution,
l’univers et le temps, Anne Fagot-Largeault, Odile Jacob, 2021
Références
Auteurs/Autrices
https://www.jean-delahousse.net/
Jean est un consultant et analyste expérimenté avec 20 ans d’expérience dans les
technologies du web sémantique, les données ouvertes et liées, la gestion de
vocabulaires contrôlés et de graphes de connaissance.
Jean a été co-fondateur et PDG de la société française Mondeca, pionnière dans
les technologies du web sémantique.
Jean participe à des projets dans différents domaines : législation, santé,
culture, sécurité, science, énergie, pour définir des stratégies centrées sur
les données et les connaissances, concevoir des ontologies, conseiller sur la
gestion et distribution de données ouvertes, rédiger le cahier des charges.
Son expertise couvre le web sémantique, l’ingénierie des connaissances, la
gestion de taxonomies et de graphes de connaissances, l’acquisition automatisée
de connaissances. Jean a une expérience opérationnelle sur différents standards
: RDF, OWL, FRBR, DC, BIBO, CIDOC-CRM, SKOS, ORG, DCAT, DC, PROV, QB, XML.